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« Si nous allions à l’île d’Ouessant ? »
C’est Rozenn, une amie photographe, qui a eu cette idée. Ma réponse a jailli, immédiate :
« Oui »
Nous y sommes allés à 4 photographes en mars. Une escapade vers l’île d’Ouessant, cette
terre inconnue pour moi, quelle tentation !
Déjà, je voyais se dessiner les vagues monstrueuses se brisant sur les récifs et les phares.
Le destin, ou peut-être les vents capricieux, en décida autrement. Point de colère des élé-
ments, point de fureur océane, la mer docile se contentait de frissonner sous un ciel bas et
morne. Il n’y aura nul déchaînement à immortaliser. ll faudra se plier à l’humeur de l’île,
accepter ses offrandes discrètes.
Depuis Le Conquet, le bateau ne transportait que des pêcheurs et quelques insulaires.
Nous avons croisé fugitivement l’île-Molène, sans y poser le pied.
Nous avons juste eu le temps de ressentir son aspect sauvage fascinant. L’appareil photo-
graphique me brûlait déjà les doigts.
Puis, Ouessant.
Dès le débarquement, le vent, un
vent âpre, tenace qui dessèche les
lèvres. Il ne nous quittera plus du
séjour. C’est une présence physique,
comme si l’île elle-même nous hap-
pait, nous imposait sa rudesse.
C’est ainsi que naquit, peu à peu, une
vision photographique, celle d’une
île qui ne se donne pas, mais qui se
révèle à petits pas.